Notre charte

Nous appartenons à « l’élite ». Nous avons souvent fréquenté les mêmes écoles, les mêmes masters, nous évoluons dans les mêmes cercles et occupons une position sociale privilégiée. Tout cela aurait dû nous conduire naturellement à être les chevilles ouvrières dociles du macronisme et plus généralement de la mise au pas néolibéral de la société française en cours depuis une quarantaine d’années. Et pourtant ce n’est pas le cas. 

Bien souvent en minorité parmi nos collègues et nos proches, nous sommes au contraire écœuré·e·s par la politique actuelle et le modèle de société qu’elle dessine. Nous sommes au cœur du système, mais nous souhaitons participer à son renversement. 

L’État social hérité des luttes passées et protégeant les travailleurs des excès du capitalisme est attaqué de toute part, entraînant une destruction des services publics, une croissance des inégalités et de la précarité. Il y a urgence à rompre avec ces réformes libérales, avec les dogmes de la concurrence, du libre échange, de l’austérité budgétaire et de la dérégulation financière, ceci afin de refonder notre modèle social et reconstruire les solidarités qui le constituaient. 

Mais cela ne pourra pas suffire. Revenir aux trente glorieuses ne permettra pas de relever les défis sociaux et écologiques qui s’imposent à nous. La situation exige plus que jamais des changements radicaux dans la façon de penser et d’organiser notre société. Nous revendiquons ainsi le besoin de rompre avec la logique de croissance illimitée du PIB, avec les rapports de domination et d’exploitation des femmes et des hommes par une minorité, avec le culte de la consommation.

Nous affirmons la nécessité de réinventer un modèle de production relocalisé, sobre, résilient et convivial, compatible avec les limites du système planétaire et dont les fruits seraient équitablement répartis.

Nous affirmons la nécessité d’étendre le champ d’action de la démocratie à tous les domaines de la société, pour mettre fin à la captation de l’État, de l’appareil productif, de la finance et des médias par une bourgeoisie coupée du peuple et défendant ses seuls intérêts. 

Il ne s’agit pas ici d’établir un programme ou de prétendre détenir toutes les solutions, en revanche nous ne nous résignons pas au consensus néolibéral et sommes persuadés qu’une autre politique basée sur ces grands principes est possible et souhaitable.

Notre statut nous oblige. Pour différentes raisons, le système de formation et de cooptation dans lequel nous évoluons nous a permis d’accéder à des positions d’influence, nous a accordé des moyens d’actions. 


Infiltré·e·s, nous souhaitons raconter nos parcours et lever le voile sur nos milieux.

Nous souhaitons traquer et ébranler la pensée unique partout où elle se croit chez elle. 

Nous souhaitons rendre aux citoyen·ne·s l’ensemble des éléments du débat et repolitiser les questions accaparées par la technocratie.

Nous souhaitons interpeller notre entourage pour qu’il s’interroge sur l’état actuel de la société et sur le futur que nous allons laisser à nos enfants.

Nous souhaitons réveiller les nombreuses forces endormies, qui sentent bien que le système est à bout, mais n’ont pas aujourd’hui le temps, l’énergie et/ou les moyens de se mobiliser.

Nous souhaitons rassembler, publiquement ou anonymement, toutes celles et ceux qui, comme nous, se taisent bien souvent mais n’en pensent pas moins. Ensemble, nous mettrons nos compétences et nos réseaux au service de celles et ceux qui se battent au quotidien pour construire et faire advenir un autre monde. Nous serons à leur côté pour faire face à l’adversité, aux intérêts constitués qui mobiliseront des moyens colossaux pour maintenir leur intérêt de classe.