Tactique et stratégie

« Sortir de notre impuissance politique » : le titre du dernier livre du philosophe et sociologue Geoffroy de Lagasnerie est ambitieux, et son propos l’est tout autant. Sa pensée originale et stimulante ne laisse pas indifférents les militants, qu’ils le trouvent inspirant ou détestable, en témoignent les nombreux débats suscités par son intervention dans la matinale de France Inter le 30 septembre 2020. Dans une ambiance plus apaisée et propice à l’expression de sa pensée nous recommandons plutôt l’écoute de cette interview donnée à RT, qui donne une bonne entrée en matière à son travail. Son évocation de l’infiltration comme moyen de transformation à long terme de la société toute entière n’a pas laissé indifférent un de nos infiltrés qui nous livre ici quelques réflexions librement inspirées par ses propos.


La gauche, machine à perdre ?

De Lagasnerie commence par livrer un constat dont on est que trop conscients : les grandes dates de la gauche conquérante – disons 1936, 1944, 1947, 1981 – commencent à sérieusement s’éloigner. Son quotidien, depuis, est plutôt fait de luttes rarement victorieuses, et toujours sur une posture défensive – on évite le pire sans améliorer pour autant l’existant. Mais de qui les régressions de plus en plus nombreuses, et de plus en plus profondes, sont-elles le fait ? Que l’on regarde les dix dernières années : les attaques les plus violentes – dans le domaine économique, de la protection sociale, de la surveillance de masse, etc. – ne sont pas venues du sarkozysme finissant, mais bien d’un secteur de l’échiquier politique que l’on range encore, peut-être par seule inertie intellectuelle, parmi la « gauche » : le Parti socialiste, dont l’explosion a permis au macronisme de trouver une bonne partie de son personnel et de ses électeurs. Rappelons que Macron, en 2017, était sérieusement considéré comme « de gauche » par beaucoup de ses électeurs, et que cette étiquette avait alors empêché de nombreux électeurs de Fillon de lui apporter leur voix (ils ont depuis changé d’avis : mains et yeux arrachés semblent leur avoir plu). Manuel Valls et Myriam El Khomri, pour ne citer qu’eux, se réclament encore de cette catégorie politique.

Convenons que le problème dépasse largement la sémantique, ou le jeu des classifications partisanes : si on veut que la gauche cesse de perdre et repasse à l’offensive, encore faut-il savoir ce qu’est « la gauche ». Suffit-il de se revendiquer de gauche pour l’être effectivement ? Sauf naïveté préoccupante, on se dit bien que non. Le Parti socialiste (enfin ce qu’il en reste), qui ne cesse d’appeler à « l’union de la gauche » est-il de gauche ? Raphaël Glücksmann et son mouvement « endehorsdesappareilspourtoutchanger » sont-ils de gauche ? Voyons la liste de ce qu’il promettent comme conquêtes, voire – commençons modestement – corrections de trajectoire : pas grand chose ; et quels sont les moyens qu’ils entendent se donner pour cela ? Aucun. Allons un peu plus loin : EELV, Benoît Hamon, sont-ils de gauche ? Un peu plus que le PS, si on s’intéresse aux promesses ; pas davantage, si on regarde les moyens qu’ils entendent se donner pour les réaliser. L’adhésion incompréhensible et inconditionnelle à la construction européenne, projet né de l’anticommunisme d’après-guerre et clé de voûte de l’ordre libéral le plus violent, les condamnent en cas de prise du pouvoir au tsiprasisme le plus éhonté : capitulation, reniement de tous les engagements et in fine poursuite de la politique macronienne, mais en faisant la grimace1On reviendra prochainement beaucoup plus en détails sur la construction européenne – gardons simplement en tête pour le moment que que les choses sont ainsi faites que si on ne s’affranchit pas de ce carcan, alors on ne remet rien en cause, parce qu’on s’en refuse les moyens d’une alternative et que l’on se contraint ainsi à pratiquer la seule politique que permet ce cadre : celle de Macron. MAIS en sortir ne veut pas dire automatiquement appliquer un vrai programme de gauche : on peut aussi capituler face à de puissantes forces sociales purement internes. Condition nécessaire donc, mais non suffisante.. Pas sûr non plus que cela suffise à en faire des forces de gauche. C’est qu’au-delà de la posture, être « de gauche » et pas seulement quand il s’agit de signer des pétitions ou des appels à l’unité, requiert ce minimum théorique, inchangé depuis Marx : le capitalisme a été une étape de l’histoire qui nous a fait sortir du féodalisme, bien. Mais maintenant c’est lui qu’il faut dépasser, pour passer à autre chose – dépasser, donc ni atténuer, ni amender, ni peindre en vert : il faut larguer les amarres.

Alors, que reste-t-il une fois la définition de la gauche clarifiée ? Des formations politiques et syndicales plus prometteuses, en pointe dans tous les combats, dont la seule existence a de quoi rassurer. Et c’est là que de Lagasnerie a le coup d’œil le plus acéré : force est en effet de constater que rares sont leurs luttes – électorales ou sur des sujets précis, comme le code du travail ou les retraites – qui aboutissent. La raison principale, selon de Lagasnerie, en est la crispation sur des modes d’action ayant largement perdu de leur efficacité : manifestations, tracts, pétitions, tribunes, mais aussi – beaucoup plus surprenant, et peut-être contestable – la grève. La véritable utilité de ces modes d’action serait en fait purement sociologique : en y participant, nous accomplissons ainsi un rituel qui nous rassure quant à notre appartenance à un milieu spécifique. Ainsi, là où la bourgeoisie aurait depuis longtemps appris à questionner ses modes d’action et à en adopter de nouveaux si besoin2Un exemple assez évocateur est donné avec l’attention constante de la part de la droite (ou de la gauche de droite) pour l’édulcoration des programmes scolaires en matière de sciences humaines , la gauche serait restée arquée dans un cérémonial rassurant mais inefficace. Conséquence : les défaites s’accumulent, mais l’entresoi se porte très bien.

L’habitus de la défaite

Juger de l’efficacité individuelle de chaque mode d’action n’est pas l’objet de ce billet, mais on pourra retenir cette idée, qui pour le coup n’est pas une découverte : oui, la gauche, la « vraie » gauche, est aussi un milieu social, avec ses codes qui n’ont quelquefois que peu à voir avec ses objectifs politiques. À la cruauté des conséquences sociales de la défaite s’ajoute ainsi un effet pervers : la formation d’une communauté militante soudée par des luttes infructueuses. Pire : cette captation de la contestation par des organisations à ce point prisonnières de rituels où l’autocélébration joue un rôle non négligeable, empêche même l’émergence de formes de protestation plus efficaces.

Cette observation ne doit pas amener à considérer la manifestation, le tractage, et encore moins la grève (qui devient très souvent incontournable dès lors qu’il s’agit de faire un peu peur au capital) comme intégralement dépassés – leur seule survie jusqu’à aujourd’hui ne peut être mise sur le seul compte d’une inertie psychologique, mais démontre l’existence d’une culture politique de la mobilisation et de l’autodéfense qui a tout pour rassurer. Cependant, la routinisation des moyens d’action a une conséquence dévastatrice qui dépasse la seule inefficacité de la contestation, à savoir la contamination de la sclérose vers le secteur de la pensée : plus nous sommes défaits par le cadre actuel, plus nous avons du mal à en imaginer un autre. Ou comment, à force d’intériorisation des défaites successives, la gauche en vient à penser comme l’adversaire.

Sur ce point, peu de sujets illustrent aussi clairement cette affirmation que – de nouveau – le rapport à l’Union européenne : la gauche hésite constamment à évoquer une sortie, tétanisée par la cascade de fulminations que lui attirerait cette « tentation du repli sur soi », la menace d’une poussée apparemment magique de « barbelés et miradors », et les interminables exposés des historiens en herbe débitant, sourcils froncés, toutes les ressemblances de son programme avec « les années 30 » – comprendre pour les plus bouchés le nazisme. On pourrait (et on le fera) démonter une à une toutes ces affirmations. Le simple besoin d’avoir encore à le faire montre d’ailleurs tout le chemin qu’il reste à parcourir, et toute l’emprise, au sens quasiment psychologique du terme, qu’ont ces représentations sur nous. Mais avant cela, il y a une question fondamentale à se poser : qui inonde la gauche de toutes ces inanités ? Pas l’Internationale prolétarienne, ni les camarades de gauche des autres pays du monde, européens ou non. Non : ceux dont la gauche craint le courroux, ce sont ses ennemis. Médias en voie de zemmourisation avancée, macronistes responsables de ladite zemmourisation parce que seuls les sujets identitaires peuvent désormais masquer le scandale absolu de leur politique en général et de leur gestion de la crise sanitaire en particulier, sociaux- démocrates résolus à ne rien changer – et qui, au pouvoir, ont même ouvert la brèche encore plus grand que ne l’avait fait la droite. Mais alors pourquoi craindre les insultes de ceux qui de toute façon ne nous aimeront jamais, et avec qui nous n’avons rien à faire ? Peut-être parce qu’au moins partiellement, nous en sommes venus à accepter le cadre.

Il ne s’agit évidemment pas d’affirmer qu’il s’agit d’une inflexion volontaire ; mais le résultat est là : l’incapacité de la gauche – en tout cas sous ses formes institutionnelles que sont les organisations politiques et syndicales – à formuler une véritable alternative, qui nécessite à la fois de savoir ce qu’on veut et à s’en donner les moyens. Une fin claire, et des moyens sans lesquels elle ne vaut rien. C’est là qu’apparaît tout le décalage avec la situation actuelle de la gauche : la spirale des défaites et la posture constamment défensive nous font perdre de vue que l’alternative ne naîtra pas de la seule défense de l’existant, mais bien d’une habitude de l’attaque, emportant des mesures radicales pour se concrétiser. Évidemment, il ne s’agit pas d’être injuste : beaucoup de militants et de cadres politiques consacrent une partie de leur vie à sauver ce qui peut l’être face aux attaques de la droite ou de la gauche de droite, et contribuent ainsi à éviter la dégradation, réelle et tangible, des conditions de vie de nombreuses personnes. Mais que l’on regarde bien la situation de la gauche, et on verra que s’est constitué un véritable habitus de la défaite : si nous risquons de perdre toutes les batailles à court terme, à quoi bon se préoccuper du long terme, vu que la menace est immédiate ? Et si mener ces batailles fait de nous des militants avec tout ce que cela implique de gratification symbolique, pourquoi aller beaucoup plus loin ?

Pourtant, quelle que soit la somme de ses victoires dans le domaine économique, le capital est tout sauf surpuissant : soutenu par une fraction minoritaire de la population, son bras managérial est haï par tous ceux qui le subissent et même une partie de ceux qui l’appliquent (ce qui en fait paradoxalement un très bon recruteur pour les infiltrés), et plus généralement il a une fâcheuse tendance à scier la branche sur laquelle il est assis. Disons le nettement : malgré toutes les batailles qu’il gagne, c’est lui qui est en train de perdre.

Perdre les batailles, gagner la guerre

Geoffroy de Lagasnerie insiste sur les relations entre démographie et politique, et c’est certainement un des aspects les plus fondamentaux de son propos : une classe politique n’arrive au pouvoir que vers l’âge de 40 ou 50 ans, soit une vingtaine ou une trentaine d’années après sa formation intellectuelle. Il y a peu de chances pour qu’un individu, surtout s’il vient d’un milieu relativement aisé et y est resté toute sa vie jusqu’à son accès à des responsabilités, ait vécu une révolution intellectuelle entretemps. Conséquence: les décisions gouvernementales actuelles reflètent l’hégémonie intellectuelle qui régnait dans les grandes écoles… des années 1980 au début des années 2000. On pourrait compléter cette réflexion par une observation sur l’électorat qui a placé ces personnes au pouvoir : pour prendre la seule élection de 2017, quelques chiffres sur la ventilation démographique de l’électorat indiquent clairement à quel point les candidats Fillon et Macron, tous deux adoubés par la bourgeoisie et présentés par les médias du capital comme dotés de programmes économiques « sérieux », « raisonnables » et « responsables » (comprendre : faire cracher du sang au prolo) sont dépendants de l’électorat âgé :

Source : https://www.ipsos.com/sites/default/files/files-fr-fr/doc_associe/ipsos-sopra- steria_sociologie-des-electorats_23-avril-2017-21h.pdf

La leçon est particulièrement éloquente pour François Fillon, candidat quasiment anecdotique chez les moins de 60 ans mais explosant totalement chez les plus de 70 ans. Une force politique s’appuyant sur un tel électorat est promise à une disparition rapide, à l’horizon d’une ou deux décennies – phénomène que très peu de commentateurs semblent avoir en tête. Quant à l’électorat macroniste aux européennes de 2019, il a pratiquement repris la démographie filloniste – on s’abstiendra néanmoins d’en tirer trop de conclusions en raison de la forte abstention caractérisant ces élections. Il est cependant certain que les candidats officiels de la bourgeoisie ne peuvent accéder au pouvoir qu’en comptant massivement sur le vote des retraités – un tiers des votants, masse tout à fait significative mais dont la puissance ne s’exerce nécessairement qu’à court terme. Pourquoi les retraités, qui sont la population la plus dépendante de la dépense publique via les retraites et le système de santé dont ils sont de loin les premiers utilisateurs, sont-ils à ce point animés d’une pulsion autodestructrice en cherchant à la liquider ? La question mériterait un développement qui ne nous concerne pas ici : ce qui nous importe est que si l’élection s’était jouée chez les moins de 60 ans, Emmanuel Macron aurait été remplacé par Jean-Luc Mélenchon.

Revenons à Geffroy de Lagasnerie, qui encourage la gauche à sortir de ses routines – et écoutons-le : raisonnons en termes militaires, chose qu’on ne fait quasiment jamais dans notre famille de pensée. Un affrontement entre belligérants se joue à plusieurs échelles : pour une bataille, il s’agit de la tactique – tendre un piège à l’adversaire, l’envelopper, faire une percée, etc. Ce niveau se préoccupe de l’immédiat, à savoir l’obtention d’un gain simple : battre l’adversaire à un instant et en un lieu précis. À l’inverse, la stratégie est la capacité à gagner une guerre, ce qui nécessite d’avoir en tête tous ses aspects : militaire bien sûr, mais aussi politique, économique, technologique, diplomatique, etc. La stratégie ne se conçoit que sur le long terme, et peut tout à fait être indépendante de l’échelle tactique. Exemple : Napoléon a techniquement gagné toutes ses batailles sur le territoire russe en 1812 ; il s’est néanmoins retrouvé face à un ennemi capable de se remettre de ses défaites, de temporiser, de comprendre ses faiblesses, etc. au point de remporter au final une victoire sans appel. Le vainqueur d’une guerre n’est pas celui qui porte le plus de coup à l’autre, mais bien celui qui reste debout à la fin.

Le parallèle avec la situation actuelle de la gauche n’est pas absurde : tout d’abord, l’unification de la droite et de la gauche de droite sous la bannière macroniste nous laisse face à une force politique dotée d’une impressionnante force de frappe, mais sans réserves. Là où le PS pouvait faire semblant de parler aux classes populaires et moyennes, pour finalement faire la même politique ou pire que la droite, toute incursion en dehors de l’enclos sociologique LREM est désormais interdit : les CSP+ et les retraités, point barre. Cela fait beaucoup de monde, c’est vrai. Mais cela en fait encore beaucoup plus en face.

Une précision à ce stade : cette observation ne vaut pas que pour les élections, dont on peut tout à fait débattre de la centralité – ou non – dans la transformation politique. C’est toute la psychologie de la société française qui va être bouleversée en deux ou trois décennies, à mesure que des générations influencées par les idées de gauche vont arriver à maturité et que le socle du pouvoir macronien va s’éroder, inexorablement. Même le vieillissement de la population ne sera probablement pas un obstacle : les retraités de demain n’auront pas eu la même vie professionnelle que les plus de 70 ans d’aujourd’hui – ils auront certainement connu la peur du chômage (rappelons que ceux qui arrivent à la retraite aujourd’hui avaient 50 ans en 2008 et ont donc pour beaucoup craint de perdre leur emploi à un âge où il est difficile d’en retrouver un), savent que la diminution du temps de travail ne correspond pas à de la paresse, sont beaucoup plus sensibles à la question écologique, ont eu le temps de mesurer sur leur vie et celle de leurs enfants les conséquences de la baisse des dépenses publiques, etc. Bref : notre heure va venir, inexorablement.

C’est tout le paradoxe qu’offre la gauche à l’heure actuelle : celui d’une force politique vaincue à répétition, défaite dans presque toutes ses luttes, mais dont la vision du monde est en passe de gagner la guerre culturelle. Mais encore faut-il savoir ce qu’on fera de la victoire – car si l’on y réfléchit bien, notre situation n’est pas inédite : dans les années 1970 aussi, la gauche a été une machine à perdre, au moment où mai 68 achevait de transformer en profondeur la société française. Le problème est qu’à force d’intérioriser des défaites, et de se laisser imposer ses cadres mentaux par la droite, cette gauche finalement victorieuse en 1981 n’aura mis que deux ans à faire une politique… de droite.

C’est ici que revient en jeu l’échelle tactique, à laquelle s’intéresse de Lagasnerie : nous devons dès à présent trouver de nouveaux leviers d’action, qui nous permettent de gagner des batailles, même modestes. Non seulement pour le présent, mais aussi parce que si nous ne cultivons pas dès aujourd’hui le goût de la victoire, nous risquons de flancher une fois que nous y serons confrontés pour de bon. Car comment une gauche habitée par la défaite dans l’opposition pourrait- elle faire autre chose que saborder ses futures victoires ? C’est une des leçons du mitterrandisme : se préparer au pouvoir, ce n’est pas que avoir des hauts fonctionnaires et des cadres capables de mettre les mains dans la machine étatique, y compris à des niveaux élevés. C’est aussi, et peut-être surtout, nourrir la réflexion stratégique, savoir ce que devront faire ces cadres et hauts-fonctionnaires dans les premières heures du pouvoir et identifier à quels considérables freins institutionnels ils devront se heurter. C’est enfin s’assurer que même si les cadres cèdent, un puissant mouvement populaire sera là pour leur rappeler des mots d’ordre simples. « Plus un pas en arrière » serait un bon début ; « si vous faiblissez nous n’hésiterons pas à vous remplacer », encore mieux.

Pour conclure, il faut dire un mot sur l’infiltration, à laquelle de Lagasnerie accorde une grande importance. On ne peut que partager son point de vue : plus nombreux nous serons à savoir nous détacher de nos déterminismes professionnels, scolaires, voire familiaux, plus nous aurons acquis cette culture de la résistance passive dans un milieu adverse – en réussissant même de temps en temps à planter quelques graines – moins nous serons susceptibles de faiblir lorsqu’il s’agira de mettre en œuvre un programme qui déchaînera contre nous l’ire de la bourgeoisie, c’est-à-dire
fatalement de notre milieu, de naissance ou d’adoption. Nous avons le temps, nous avons des outils que n’avaient pas nos prédécesseurs, et nous fréquentons l’ennemi de près. Et il est loin d’être invincible.

 

 

Une réponse

  1. Christine Perney dit :

    Votre article est très intéressant et il m’a fait du bien de lire que notre heure va venir… Inexorablement ! J’approche de la retraite et j’espère le voir un jour. Vous avez raison, il faut résister partout et planter des petites graines. Je bosse pour une institution culturelle et je suis élue, je représente les salariés de mon syndicat. Vous imaginez la situation économiques des institutions culturelles après ces 6 derniers mois de crise sanitaire /économique. Et bien la question de ce que devraient devenir les musées suite à cette crise et du nouveau modèle économique /écologique auquel nous devions tous réfléchir, s’est posée.
    J’ai demandé à la direction si elle envisage de réfléchir à un modèle économique dans lequel nous pourrions nous passer du mécénat. Le mécénat est à la culture ce qu’est le crédit impôt recherche à l’industrie : une utilisation de l’argent public mise au service d’entreprises privées. On le sait bien quand on habite loin des lieux culturels : on y va pas ou pas beaucoup. Ce que l’on sait moins, c’est que grâce à nos impôts ces lieux culturels reçoivent des fonds privés qui leur permettent de fonctionner… Bref actuellement le CIRE ou le CICE sont contestés, car les entreprises qui bénéficient de centaines de millions d’euros de crédit d’impôts ne se gênent pas pour licencier même sans motif économique. Un jour viendra ou le mécénat fera l’objet du même rejet. Comment continuer d’accepter que des millions d’euros de crédits d’impôts soient accordés à Total ou veolia afin qu’elles financent de grandes expositions ou des travaux de mise aux normes ou de restauration des musées ? Ces millions de crédits d’impôts échappent nécessairement à nos besoins, à nos choix politiques. Aujourd’hui nous aurions besoin de financer la santé, l’éducation, la relocalisation de l’industrie et pour cela il n’y a pas d’argent… Ou pas assez. Mais la galerie des glaces à Versailles est restaurée, ouf !!!!
    En soulevant cette question sur le mécénat, j’ai bien sûr eu droit à une réponse très « rassurante » de la part de la direction :  » la loi qui a mis en place cet usage a plus de 20 ans rien n’indique que cette loi sera modifiée dans les mois où les années qui viennent »
    Mais tout en me répondant je sentais bien qu’il n’en était plus si sûr… Alors je crois avoir planter une petite graine et je vais l’arroser aussi souvent que possible !

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