Un long coma politique avant les gilets jaunes

Depuis mes années de lycée, où je me souviens m’être un peu intéressé à la chose politique, j’étais tombé jusque très récemment dans ce qu’il est permis d’appeler un profond coma politique. Jusqu’au 11 janvier 2019 exactement. Jusqu’à ce que je visionne un peu par hasard et avec stupeur un montage vidéo des (déjà) nombreuses violences policières infligées aux manifestants pendant les premiers actes des gilets jaunes. On y voyait essentiellement des femmes, insultées, tabassées par des CRS, on les voyait trainées à terre par les cheveux, on y voyait des coups portés encore et encore par des policiers déchaînés, on y voyait une manifestante en manteau beige, qui portait la main à sa bouche ensanglantée et une autre à terre, terrassée par un projectile tiré dans son œil par la police. A ce moment déjà, le doute était à peine permis : comment ces manifestantes pouvaient-elles représenter un tel danger pour qu’elles aient été les victimes d’une riposte policière normale ? Comment cette riposte pouvait-elle être comme il se doit : légitime, nécessaire et proportionnée ?

Mon indignation fut encore accentuée en constatant que cette violence était encore à l’époque totalement éludée par les médias mainstream et niée en bloc par tous les ministres, la majorité à l’assemblée et le président de la République lui-même.

La suite, beaucoup d’entre nous la connaissent dorénavant. Les violences et les intimidations policières (ainsi que la judiciarisation outrancière des manifestants) se sont succédées depuis plus d’un an à l’encontre des gilets jaunes. J’en ai moi-même été le témoin direct depuis et pour peu de choses, j’aurais pu en être une victime. Ces violences sont non seulement toujours niées par le pouvoir politique, mais on sait maintenant que ce même pouvoir pousse en coulisse le cynisme jusqu’à les encourager et qu’il permet lorsqu’il n’organise pas, l’impunité judiciaire de leurs auteurs.

Fils et petit-fils d’ouvriers d’une région devenue depuis un désert industriel, j’avais de bonnes chances de devenir gilet jaune, employé précaire, confronté aux fins de mois difficiles et à la merci d’un pépin de la vie pour basculer dans la pauvreté. Mais j’ai eu la chance d’avoir quelques dispositions pour l’école de la République. 1er à décrocher un bac dans la famille, j’ai intégré une grande école d’ingénieur parisienne et je suis donc devenu, sur le plan de mon niveau de vie, un bourgeois. Rien de très extraordinaire ni de péjoratif dans mon propos, juste un propriétaire d’une maison un peu spacieuse dans un quartier résidentiel, avec des revenus qui permettent de consommer, d’épargner pour sa retraite ou ses enfants et de partir en vacances plusieurs fois par an. Je sais que c’est un standard pour peut-être les 10 ou 20% des Français les plus aisés qui liront ce témoignage, mais je sais aussi que c’est un rêve quasi inaccessible, et même une abstraction, pour une immense majorité d’autres. En bref, je sais d’où je viens.

Mes amis aussi sont bourgeois. Ces amis de longue date, de promo, de quartier ou de boulot, avec qui j’ai d’ailleurs partagé naturellement mon indignation des premières images de répressions des gilets jaunes et de la bouche de qui j’ai souvent entendu des commentaires comme « ces images sont complotistes/fakes », « tu nous fatigues avec ça » ou même : « ils l’ont bien cherché ». Dont acte. Je ne parle plus à certains d’entre eux de politique. Et plus du tout à d’autres.

Quant à mon milieu professionnel, qui a toujours baigné de près ou de loin dans le CAC40, j’avais déjà compris que je ne pouvais pas y faire trop état de ma sensibilité quelque peu atavique pour les valeurs de gauche sans me retrouver avec l’étiquette « gaucho » ou « coco » dans le dos. Etiquette rarement propice au dynamisme des carrières dans le privé. J’ai depuis compris que ce milieu, et particulièrement ces dirigeants qui sont choisis entre autres pour ça, est en fait globalement acquis par construction au paradigme néolibéral : l’Etat dépense toujours beaucoup trop pour les faibles et le bien commun, jamais assez pour contribuer aux profits des grandes entreprises et à la satisfaction des puissants. Ces grandes entreprises qui ont leur rond de serviette à l’Elysée et dans les ministères pour réclamer toujours plus d’aides publiques mais qui bien sûr n’ont de cesse d’invoquer qu’en démocratie, ce n’est pas la rue qui doit gouverner.

Depuis début janvier 2019, j’ai donc pu constater comme beaucoup de Français la triste réalité que la France n’était en rien la démocratie qu’elle s’enorgueillit d’être, que ces dirigeants, qui se gargarisent du mot « République », sont dans les faits régulièrement pris en flagrant délit de mensonges, manipulations en série, inacceptablement redevables des puissances financières qui les ont mis et les maintiennent au pouvoir. Quand ils ne sont pas menteurs, manipulateurs et corrompus tout court.

J’ai aussi dû gérer mon relatif isolement sur le plan des idées dans mon milieu tant professionnel qu’amical. C’est aussi pour cela que j’ai rejoint les infiltrés. Car, je reste convaincu que les apparences sont trompeuses, que le tour de force de la pensée unique a transformé en zombies beaucoup de nos compatriotes de la bourgeoisie, qui ne prennent plus le temps de réfléchir et de questionner les trop faciles vérités assénées par 35 ans de droite libérale au pouvoir et dans les médias. N’y aurait-t-il pas parmi eux, parmi nous, plus de Républicains au sens premier du terme qu’on ne le voit ou l’entend. Des citoyens qui pourraient, eux aussi trouver inadmissible dans une démocratie que 80% des médias appartiennent à une poignée de milliardaires. Inadmissible que la justice soit si différente pour un Dettinger ou pour un Benalla. Inadmissible que la constitution de la 5ème République donne de fait un blanc-seing à une seule personne pour s’approprier le pouvoir pendant 5 ans sans possibilités de contrôle. Des citoyens qui, hormis les traditionnels égoïstes dont je n’ignore pas qu’ils sont en nombre parmi nous, n’accepteraient pas qu’une telle partie de la population d’un pays si riche soit condamnée à travailler pour vivre une vie entière entre galère et misère. N’accepteraient pas que leurs dirigeants détruisent méthodiquement les services publics déjà agonisant de l’enseignement, de la santé ou de la justice. Qui n’accepteraient pas ou n’auraient pas accepté s’ils en savaient l’agenda caché, que les mêmes dirigeants, bradent sous de vils prétextes, toutes les entreprises du patrimoine commun comme ADP, ENGIE ou FDJ pour enrichir les plus fortunés de leurs soutiens ou laisser entre des mains étrangères voraces des fleurons de l’industrie tels qu’Alstom. Je veux garder l’espoir, comme mes collègues infiltrés, que nous sommes plus nombreux parmi les milieux bourgeois que nous voulons bien le croire et que les bonnes volontés, une fois réveillées et révélées, même minoritaires en nombre, peuvent représenter une vraie force.

Dans ce tableau pas toujours reluisant, je pense que nous avons quand même une chance et une responsabilité, chacun à notre niveau et avec nos possibilités, de nous prendre en main et de nous inscrire dans une certaine histoire de France en résistant aux néolibéraux, nouveaux collabos, qui détruisent ce pays. Les gilets jaunes refusent légitimement que nos valeurs de la République, leur propre vie et celle de leurs enfants, soient sacrifiées sur l’autel de l’idéologie néolibérale. Je les soutiens et je les remercie même de m’avoir ouvert les yeux. Et fait chanter La Marseillaise avec une certaine et nouvelle conviction.

 

Français Anonyme

 

31 réponses

  1. Amaury dit :

    Le même parcours, le même isolement dans l’entreprise… Obligé de fermer sa g**** quand le DG sort une blague forcément très fine sur la CGT et Martinez. Rires gras partout autour de la table.
    A quoi ça sert de l’ouvrir de toute façon? Vont ils changer d’avis grâce à moi? Je doute d’avoir ce pouvoir.
    Désespérant

    • Paula dit :

      Bonjour,
      Ils ne vont sans doute pas changer d’avis, mais ils seront certains qu’ils ne font pas bloc, qu’il existe des avis contraires dans leur camp. Il faut miner le moral du bloc bourgeois par tous moyens.

    • Français Libre et Anonyme dit :

      Bien d’accord avec vous que ce n’est pas simple. Si l’argumentation frontale dans l’entreprise n’est effectivement pas toujours possible, chacun peut trouver son propre mode d’action hors de l’entreprise. Vous n’êtes pas seul.
      Français Libre et Anonyme

  2. Marie-Françoise dit :

    Je me sens à la fois moins seule et tout aussi désespérée en ayant lu votre billet. Tellement ce que je vis au quotidien, que j’ai vécu depuis des années en entreprise! et j’étais DRH… Que ce soit l’écologie (pfff… l’utopiste, elle est mignonne !) ou le social (t’es pas un peu rouge pour une DRH?, et la dette, qu’est-ce que tu en fais de la dette ? …)
    Donc merci pour ce billet et ce site, que je vais diffuser.
    Marie-Françoise

  3. Condoli dit :

    Prise de conscience tardive (j’ai 58 ans) via les blessés des gilets jaunes qui m’ont imposé de quitter ma bulle ( je suis medecin) pour réaliser de visu qui ils étaient, et me reconnecter à mes origines très modestes. Sideration puis indignation devant ces violences d Etat qui se succèdent dans 1 silence assourdissant. Y donner du sens ( pour moi par l’adhésion recente et active à la LDH) et la certitude sereine d’être du coté du juste et du droit, quoi qu’il arrive. Se lever, témoigner, être aux côtés de ceux qui ont besoin, c’est faire acte de résistance.

  4. Hennequin dit :

    Merci.
    Pas le même parcours mais envie de dire merci. Moi, suis « consultant en ressources humaines », naviguant entre l’indépendance et le réseautage, c’est à dire l’Uber-consulting, et en plein accord avec vous sur la violence de cette politique, qu’elle soit symbolique ou réelle. Et, de ma fenêtre de « consultant en ressources humaines », donc, je constate que je suis tout simplement le seul – parmi mes pairs « consultants en ressources humaines » – à percevoir cette violence. Pour les autres, c’est « nantis », « privilégiés », « passéistes », bien entendu, etc, sans oublier le drame de ne pas avoir de train pour partir en mission. Je ne tais pas mes opinions et ma « e-reputation » est faite, moralité, mes pairs me proposent de moins en moins de missions.
    « Consultant en ressources humaines », avec une petite expertise reconnue sur les risques dits psychosociaux, particulièrement dans les services publics. Là, impossible de ne pas constater les effets de l’imagination de notre technostructure en matière de novlangue managériale. Curieusement, mes pairs ne voient pas ça. Je me sens infiltré, content d’avoir lu votre post et découvert ce site. Merci.

    S.

  5. un héritier dit :

    Merci pour ce site, ça fait beaucoup de bien de lire ça, de voir que des gens peuvent aller « contre leur classe ». C’est aussi l’indice que la violence du capitalisme actuel a atteint un tel niveau que, pour peu que l’on ait l’occasion de la voir à nu (ce que la doxa néolibéral s’échine bien sûr à empêcher), même ceux à qui objectivement elles profitent sont amenés à reconnaître son illégitimité.

    • Français Libre et Anonyme dit :

      Merci de votre commentaire. Même si je ne m’identifie pas totalement comme appartenant à une classe bourgeoise pour les raisons que j’ai évoquées, je ne pense pas non plus aller « contre ma classe ». Au contraire, je pense que de convaincre de l’intérieur la bourgeoisie est une vraie opportunité, y compris dans l’intérêt de la bourgeoisie en tant que classe, de sortir par le haut du néolibéralisme. Qui sait dans quel niveau de guerre civile peuvent nous mener l’entêtement et la violence du Macronisme?

  6. Marie-Anne dit :

    J’aurais pu écrire presque mot pour mot ce billet, à la différence près que je trouve qu’il y a une vraie place pour exprimer une voie discordante, mais qu’il faut en effet beaucoup de courage pour le faire. Membre d’un comite de direction d’un établissement public important, haut fonctionnaire en résumé, j’ai fait grève au lendemain des annonces méprisantes du PM, et je le referai jeudi. Mon DG sera à nouveau au courant. La seule voie par laquelle on est inattaquable, c’est celle de la solidarité intergénérationnelle : personne n’a ose contester ma position a partir du moment ou j’ai expliqué qu’on ne pouvait pas regarder ses enfants dans les yeux si on laissait faire ça – ça met d’ailleurs légèrement mal à l’aise en face. Même chose pour impulser des changements au regard des comportements « fossiles » : essayez, je pense que cet argument est sacré, et comme il nous transcende réellement, ce n’est pas un argument de façade qu’on rougirait à tenir.

    • Alexandre dit :

      Excellent argument, non seulement il est parfaitement valable mais en plus l’ennemi ne peut pas le disqualifier : je prends, merci Marie-Anne =)

    • dosias dit :

      merci ;tout a fait d accord..pour argumenter un peu plus votre propos ,lire ou relire « nos enfants nous haïrons » D Jembar JRemy..sans oublier les Poinçon_ Charlots « la violence des riches »..et bien sur Paul LAFARGUE.
      BON COURAGE ET BONNE RESISTANCE !

    • Français Libre dit :

      Bravo pour votre courage. En revanche, je pense que les macronistes qui veulent cette reforme des retraites, pour ceux qui l’ont comprise, ne delaissent pas leurs enfants. Leurs enfants auront un patrimoine et une retraite capitalisee. Tout ira bien. Ce sont les enfants des pauvres qui paieront cher. Mais les enfants des pauvres, les ma roniens s’en foutent. Ils vivent juste dans un monde où les riches ont à la fois fait secession de leur solidarité nationale (fiscale, sociale et même humaine) et entendent imposer leurs idées à tous. Par la force. Les droits des pauvres empietent sur leur idéologie. Ils seront, ils sont sans pitié.

  7. Thomas Patrice dit :

    Bonjour,

    Je ne suis qu’un petit fonctionnaire de catégorie C, 20 ans de carrière dans le privé (au SMIC) et depuis 17 ans dans la fonction publique territoriale. J’ai commencé à bosser à 16 ans comme apprenti boulanger, puis dans une biscuiterie, puis (allergie à la farine !) 10 ans comme chef d’équipe dans le nettoyage industriel (6000 Francs par mois en 1990-2000) et enfin, concours de la FPT et titularisation en 2003. Pour l’instant, j’ai « gagné » le droit de partir à la retraite à 60 ans (44 annuités, carrière longue) mais je crains qu’avec cette réforme, j’en prenne pour 2 ans de plus (âge pivot). Mais là n’est pas le propos. Je voulais vraiment vous remercier pour votre tribune et votre engagement à nos côtés, nous les « riens ». Sincèrement, ça fait chaud au cœur de voir que ce monde n’est pas entièrement pourri et que même dans les classes supérieures, il reste des gens comme vous qui savent dépasser leur condition pour voir la triste réalité quotidienne de millions de vos compatriotes. Et qui avez le courage de vous engager à votre niveau pour refuser l’horrible futur qui nous attend. Les petits ruisseaux font les grandes rivières, alors tenez-bon et faites vous entendre, encore et encore… Merci !

    • Français libre dit :

      Merci à vous. On est là. C’est ça l’important. Et quoiqu’il arrive, on est mieux là que du côté de ceux qui ont le pouvoir. Czux qui se couvrent de boue chaque jour un peu plus. Leur défaite sera amplifiée par l’opprobe qui s’abattera sur eux.

  8. Favard dit :

    MERCI…

  9. Gil dit :

    Merci pour votre temoignage qui fait echo a de nombreuse situation dans mon parcours. Personnellement c est principalement les absurdités, l incompetence, l inconsequence et surtout « l agenda caché » des decisions du « management » dans les grandes entreprises au sein desquelles j ai travaillé qui ont excarbé ma « gauchitude ».
    L entre-soi est egalement un phenomene marquant qui je pense a enormement evolué ces 20 dernieres annees et qui peut expliquer en partie l’extremisme de la classe bourgeoise actuelle.
    Un petit exemple: je travaille dans l industrie mecanique/metallurgie/fabrication, il y a tjrs eu du mepris ou de du paternalisme chez les grands patrons/decideurs, etc…mais ces dernieres annees, les « petits » ingénieurs n ont meme plus vraiment besoin de se confronter aux ouvriers a cause des strates hierarchiques obscures, procedures admin, externalisation de la prod, etc….donc eux aussi ont rejoins ce camp du mepris sans plus aucune retenu.
    A cela s ajoute la Bullshit-isation du travail dans les grandes boites (cf: DavidGraeber) qui fait perdre le Sens a notre travail.
    En terme d isolement Pro…..je pense etre bien placé a ce « concours »….je bosse en Allemagne dans une boite privé. L INTEGRALITE de mes collegues etait parfaitement heureux de la refome de 2007 (passage de 65–>67ans). Alors tenté de leur expliqué pourquoi je suis contre la reforme en FR, je prefère m etouffer dans mon curry-wurst !

    Salutations Revolutionnaires

  10. erwan chuiton dit :

    Oui. Beau témoignage. Je me suis engagé dans le mouvement quand j’ai vu, comme vous, ces violences inacceptables. Un an déjà. Quel désordre, quel mépris, quelles brutalités, quel silence médiatique coupable. Le silence surtout. Le dénie. Et les mensonges. Et nos voisins, nos parents, nos amis qui répètent les mêmes phrases que celles qui tournent en boucle, feignant de ne pas voir ce socle de mépris… Pour préserver et revendiquer leur confort. Pour croire qu’ils ne sont pas responsables, qu’ils ne sont pas concernés. Il faut aller de l’avant comme ils disent, sans se retourner, sans s’arrêter, pour ne jamais apercevoir les ruines et les êtres abîmés.
    Un an déjà. Je crois que ce qui fut le plus difficile à vire, ce fut le mépris et la négation des violences. « Ces gens qui ne sont riens. » « Ce peuple des ronds points », selon la formule consacrée, comme si ces êtres n’habitaient nulle part et n’avaient pas de réalité sociale en dehors de ces occupations éphémères et illégales, voués à être effacés d’un coup de matraque légitime, ou gazés jusqu’à la syncope. Manifester la peur au ventre.
    Et se taire une fois rentré, et entendre à nouveau les gens biens se gargariser de discours entendus, d’une haine implacable, dont ils semblent anesthésiés.
    De belles choses quand même: une fraternité, un mélange de classes qui ne se côtoyaient plus, des rencontres parfois difficile mais salutaires. Ce n’est pas simple de s’asseoir à coté d’une personne qui revendique ses affinités et d’entamer une discussion en prenant soin de ne pas juger, de ne pas blesser. Et une prise de conscience généralisée de la nécessité de s’impliquer pour espérer retrouver nos valeurs de fraternité, d’égalité, de justice. La liberté viendra ensuite.
    Il manque des êtres capables de tenir tête aux « élites », c est à dire des personnes qui maitrisent leur codes et sauront se jouer de leur coup bas. Merci pour ce site. J’espère que vous continuerez à prendre la parole au nom de ceux à qui l’on donne l’ordre de se taire et de baisser les yeux .
    Amitiés d’un petit gars de Brest, de la famille de ceux qui ne sont rien, sur qui l’on peut frapper en toute impunité. Samedi, si la loi passe en force, nous serons en colère, nous serons sans arme, vont ils tirer?

    • Français Libre dit :

      C’est vrai que c’est dur d’entendre les repetiteurs des elements de langages. Soyons plus forts qu’eux, plus affûtés qu’eux. Ne repondons pas à la provocation par la provocation. Mais ne la laissons pas sans réponse. Voilà mon catéchisme. ✊

  11. Marie-Noëlle dit :

    Bonjour Les Infiltrés,

    je découvre votre existence grâce à un post FB de France Culture et un article de Libération. Ca fait chaud au coeur ! Tout ce que je lis ici me parle énormément…

    Je suis dans la situation inverse du témoignage de « Français Anonyme »: issue de la bourgeoisie et avec un niveau d’études Bac +5, je me suis précarisée de par mon choix professionnel (domaine artistique) et personnel (divorcée). Je n’oublie pas mes racines et je ne les renie pas mais j’ai choisi « la liberté » même si elle rime avec précarité.

    Gilet Jaune de la 1ère heure, je me suis pris une bombe lacrymo dans le dos dès la 1ère manif du 17/11/2018 sur les Champs-Elysées. Ca calme les ardeurs… Précaire ok. Précaire éborgnée ou avec une main arrachée : pas prête à ça.

    Alors je relais, autant que je peux, tout ce que je peux sur les réseaux sociaux : articles de Médiapart, Huffington Post, témoignages divers et variés sur cette violence gouvernementale et cette main mise du néo-libéralisme sur nos vies et l’avenir de nos enfants (c’est une goutte d’eau mais c’est déjà ça…)

    Alors oui, 1000 fois oui à la personne qui énonce plus haut assumer de faire grève en invoquant notre responsabilité d’adultes vis à vis de nos enfants ! Qui peut contredire ça ?

    Mais je comprends également tous ceux d’entre vous qui se sentent « coincés » car il serait trop risqué pour eux, professionnellement, de se mobiliser ouvertement.

    La force peut venir aussi de l’échange.

    Alors merci pour la création de ce blog, de ce site, de ce groupe.

    Merci d’oser dire « je ne suis pas d’accord avec mon clan et je me sens seul ».

    Vous n’êtes PAS seuls.

    Bonne journée à tous !

    Marie-Noëlle

    P.S.: « Si vous envoyez vos gendarmes, dites-leur que je tiens une arme et que je sais tirer. » (Version originale du Déserteur de Boris Vian édulcorée ensuite, pour contourner la censure : « Dites-leur que je n’aurai pas d’arme et qu’ils pourront tirer. » SOYONS UNE ARME ! 😉

    • Français Libre (et anonyme) dit :

      Merci de montrer vous aussi que nous pouvons ne pas être des clones de notre caste. Ça demande du courage. Bravo.

  12. Une infiltrée aussi dit :

    Bonjour,

    Je me reconnais également dans ce discours à peu de choses près.

    Je découvre les infiltrés ce jour, et c’est réellement une bouffée d’air frais au milieu du nuage gris dans lequel j’ai l’impression de stagner depuis plusieurs années maintenant. Je ne me retrouve pas dans les objectifs de mon entreprise, ni dans les valeurs qu’elle applique dans sa gestion des ressources humaines. L’individualisme règne et les notions de solidarité, de reconnaissance, et de gentillesse ne s’exercent qu’au niveau individuel et à demi-mots. Inutile de dire que les représentations syndicales y sont inexistantes.

    J’ai vu quelques amis et anciens collègues se reconvertir dans l’économie solidaire, partir faire le tour du monde en envoyant bouler leurs entreprises après s’être torturé l’esprit des années durant, ne plus savoir ce qu’ils font là, travailler pour des sociétés dont l’éthique est à mille lieux de leur éthique personnelle et se dire qu’ils sont des maillons d’un système qu’ils refusent de cautionner.

    Je lis ces témoignages, celui paru dans Libération, un autre que j’ai lu sur Mediapart et j’ai la sensation qu’ils vont tous dans le même sens. Mais surtout, je me rends compte que je ne suis pas seule à être restée dans ce système, à me taire sous peine de me retrouver avec l’étiquette « communiste », à faire en sorte de ne plus programmer de déjeuners professionnels les jeudis pour pouvoir aller manifester entre 12h et 14h parce que je ne peux pas faire grève.

    Je me prends à rêver que certains costumes avec qui je réunionne régulièrement partagent cette opinion.
    Et puis j’ai l’impression de retrouver un peu d’optimisme, c’était pas gagné.

    Merci.

    • Français Libre et anonyme dit :

      Merci à vous. Merci de vous exprimer. Nous sommes vraiment plus nombreux, et plus impliqués, qu’on ne pouvait l’imaginer.

  13. Méc-créant dit :

    Cet article correspond très bien à ce que j’ai, un peu, exprimé dans un autre commentaire (Premier de lutte de classe?): la population paie lourdement des décennies d’absence de lutte idéologique, de désert politique, intellectuel, syndical, revendicatif, philosophique,…Aussi ce mouvement renaissant impulsé par les gilets jaunes manque-t-il gravement de ligne directrice et de perspective politique suffisamment perceptible. Je vais peut-être en surprendre certains mais même le puissant mouvement pour s’opposer à la réforme des retraites –pourtant, on ne peut plus légitime et justifié!– révèle les faiblesses d’analyse de la situation de notre société. Bien au-delà de la question des retraites, nous subissons une fascisation étatisée, violente et cynique. Pas plus important encore que la retraite les mutilations, les morts, les lois d’exception, l’emprisonnement pour délit d’opinion, les policiers-nervis-miliciens, les magistrats serviles, les hauts fonctionnaires aux ordres de l’oligarchie, l’offrande d’une « zone transfrontalière »…à l’Allemagne, le redécoupage du pays en nouvelles grandes régions bientôt mises en concurrence,…je peux vous laisser compléter la liste des destructions achevant le peu qui restait de notre république sociale…Tout cela, pas plus important encore? Or, quelle perspective progressiste pourrait être envisagée sans reconquête des souverainetés populaire, nationale, de l’indépendance, la liberté, un brin de démocratie? Nous nous trouvons en situation de devoir entrer en véritable Résistance, peut-être jusqu’à devoir envisager la création d’un nouveau CNR se dotant d’un programme actualisé plus radical et nécessitant pour sa mise en oeuvre de ne plus être soumis aux diktats de l’UE, à la domination de l’euro et aux visées de l’OTAN. Les « nouveaux collabos » de la nouvelle « souveraineté européenne » (sur le blog: « Sors d’ici Jean Moulin ») ont recours avec un zèle et une violence implacable aux moyens les plus indignes pour assurer la domination de l’oligarchie en imposant « le droit des actionnaires à disposer des peuples »!
    Méc-créant.
    (Blog: « Immondialisation: peuples en solde! »)

  14. Eloued dit :

    Je découvre votre site un peu par hasard sur le net. Je suis pas cadre, juste enseignante qui a profité un peu de l’ascenseur social ( parents ouvriers). Nous aussi, nous sentons seuls dans les discussions avec les collègues : « à quoi ça sert ? »,  » j’ai des crédits »,  » ils vont nous augmenter ». Regardez autour de vous, vous n’êtes pas seuls! La preuve en est : votre groupe. Nourrissez vous-en, soutenez vous. C’est ensemble que nous y arriverons.

    • Français Libre et anonyme dit :

      Merci. On est là. Redonnons ensemble un sens au mot « Republique ». Et à tous les mots que LAREM be fait que galvauder et salir.

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