LinkedIn, parce que je le vaux bien

« J’ai rejoint l’entreprise XXX, complètement surexcité par ces nouveaux défis qui s’offrent à moi ! »

« Bravo cher ami, smart move ! »

« Vidéo de mon intervention à la conférence sur l’innovation disruptive »

« Inspiring speech ! Et félicitation pour ton prix du management horizontal décloisonné ! »

 

C’est un peu à ça que ressemble une timeline LinkedIn d’infiltré. On y parle le jargon des winners, on est tous chief, leader, director, manager, partner, et on est content, content de soi surtout ! Car on a bien compris qu’il s’agissait ici de parfaire son image afin d’améliorer son employabilité sur le marché du travail. Pour les plus doués qui ont su tirer le meilleur parti de leur individu transformé en capital sur le grand mercato des cadres dirigeants, l’employabilité n’est d’ailleurs même plus la question. Il s’agit plutôt pour eux de faire monter la valeur du capital et d’attirer ainsi les chasseurs de tête, qui, à l’instar des traders sur les marchés boursiers, investiront sur leur personne.

Tout n’est plus que communication d’estrade pour s’arroger tout le mérite des réussites collectives, mérite qui devrait pourtant revenir à ceux qui, toujours plus loin des projecteurs, délocalisés, précarisés, externalisés, font réellement le travail. Car du collectif il n’en est plus question, ou alors uniquement en faire-valoir : “best team ever” (team dont il est inutile de préciser que je suis le chef, ou du moins que j’en fais partie, puisque je suis sur la photo).

On peut s’amuser de cette mascarade narcissique ridicule. Mais elle n’est pas neutre car elle est à la fois le symptôme et la raison du puissant ancrage du capitalisme dans la tête des élites. Ils en ont si bien compris les codes qu’ayant transformé toute activité humaine en un exercice de valorisation de capital ils finissent par se l’appliquer à leur propre personne.

V.

Une réponse

  1. Florence Poulard-Lechevestrier dit :

    Ah ah oui ! Ça en est pathétique. J’ai tenté de leur expliquer mais j’ai été snobée. Avant de clore mon compte, je leur ai envoyé un message genre : sortez de vos bulles, elles vont éclater avec vous dedans ! … Évidemment sans une once de compréhension et de réaction. La chute sera dure mais tant pis.

Répondre à Florence Poulard-Lechevestrier Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *